NOTES

 

Pour l'exil d'Eschyle, voir la note à « raconté les arcanes d'Eleusis » au chapitre I, 4, 3; pour celui de Juvénal, voir la note précédente; celui de Dante est ainsi raconté par le Dictionnaire de Chaudon et Delandine et, redoublé de ville en ville, n'est pas sans analogie avec celui de Hugo: « Nommé en 1300 l'un des huit prieurs de Florence, il déplut à l'un des partis qui déchiroient cette malheureuse cité. Dante fut chassé de sa patrie, sa maison fut rasée et ses terres pillées. La fureur de ses ennemis ne se borna pas à ces excès. Le podestat de Florence eut ordre d'examiner la conduite tenue par les bannis, tandis qu'ils étoient en charge. Le procès fut fait comme on le fait contre un accusé absent qu'on veut perdre. Dante fut condamné, ainsi que ses compagnons d'exil, à être brûlé vif, comme coupable de fraudes et d'extorsions. Tel étoit l'acharnement et la rage qui animoient les citoyens les uns contre les autres dans ces temps de faction et de trouble. Dante crut ramener les magistrats et ses compatriotes par des représentations touchantes. Il adressa au peuple Florentin une lettre ou il paraphrasoit ce texte de l'Écriture: -Popule meus quid feci tibi? [Mon peuple, que t'ai-je fait?] Ses complaintes n'ayant eu aucun effet, il engagea les exilés à s'armer contre leur ingrate patrie. Ils formèrent en 1304 une petite armée, qui fut battue dans le territoire de Florence, où elle avoit fait une incursion. Alors Dante se rendit à Vérone, avec toute sa famille, et s'en fit bientôt exiler. Can de la Scale, prince de Vérone, l'aimoit et l'estimoit. L'envie lui fit perdre le crédit dont il jouissoit. Un jour qu'ils se trouvoit dans le palais des Scales, un courtisan lui dit: N'êtes-vous pas surpris de ce qu'un bouffon reçoit beaucoup de caresses de la part du prince, tandis qu'un homme savant et sage tel que vous, est négligé. Dante répondit: Chacun chérit son semblable. Ce bon mot, répété au prince, causa sa disgrâce. Après avoir mené une vie inquiète et errante, tantôt en Allemagne, tantôt à Paris, il s'écria dans l'un de ses ouvrages : « Partout où se parle cette langue toscane, on m'a vu errer et mendier. J'ai mangé le pain d'autrui et savouré son amertume. Navire sans gouvernail et sans voile, poussé de rivage en rivage par le souffle glacé de la misère, les peuples m'attendoient à mon passage, sur un peu de bruit qui m'avoit précédé, et me voyoient tout autre qu'ils n'auroient osé le croire; je leur montrois les blessures que me fit la fortune, blessures qui déshonorent quiconque les reçoit. » Dante. fier et sensible, revint mourir pauvre à Ravenne le 14 septembre 1321 à 56 ans. »

Ni Chaudon ni Moreri ne mentionnent d'autre captivité de Cervantes que celle d'Alger, lorsqu'il fut, au début de sa carrière, capturé par les "barbaresques" et détenu de 1575 à 1580. La traduction de Don Quichotte par Florian qui se trouvait à Hauteville House, renvoie pour la biographie de l'auteur à celle jointe par Florian à l'adaptation de Galatée. Celle-ci indique, sans autre précision, que Don Quichotte fut commencé en prison -mais pour des raisons qui n'avaient rien à voir avec ses écrits; le Dictionnaire de la conversation se contente de s'exclamer : « Et ce fut dans l'obscurité d'un cachot que fut composé ce roman si gai! » La première grande biographie de Cervantes, celle de Juan Antonio Pellicer, publiée en 1800, ne se trouve pas dans les listes des livres de Hauteville House, mais il n'est pas exclu que Hugo en ait eu connaissance.